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L’homme qui plantait des arbres

L’œuvre la plus lue de Jean Giono, auteur français du XXe siècle, est sans doute L’homme qui plantait des arbres. Cette nouvelle qualifiée de « récit » par l’auteur se révèle un chef d’œuvre intemporel pour l’histoire de la littérature mais aussi pour des organisations non gouvernementales travaillant dans le domaine de l’environnement. Il se trouve que nous fêtons cette année les 60 ans de ce livre.

 

Jean Giono
Jean Giono

Composé en 1953, moins de huit ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, cette nouvelle est une satire de la bêtise humaine, ridiculisant l’homme qui se passe de l’essentiel pour adopter la futilité. Qui décide de faire la guerre au lieu de planter des arbres. Et celui qui ne tombe pas dans cette bêtise est souvent vu comme un fou, un éternel incompris.

 

Ridiculiser la guerre

Ce petit texte de Jean Giono se trouve donc entre deux guerres. L’histoire se déroule à la veille de la première guerre mondiale et s’étendra jusqu’à la mort du héros en 1947. En effet, Elzéard Bouffier, décide de planter des arbres sur des domaines qui ne lui appartiennent pas, sans compter recevoir rien en retour, si ce n’est l’envie de se perdre dans la contemplation d’un jardin de chênes. Ce n’est pas un rêve romantique voyant dans la nature le prolongement du moi, l’envers de la nature humaine, mais un rêve humain ou humanitaire. Elzéard Bouffier choisit une vie recluse, enfermée dans la nature. Pendant que les soldats font la guerre, il reboise. Pendant que les Allemands, les Français, les Américains s’entretuent dans des tranchées et polluent l’air en lançant des bombes hautement toxiques, un « fou » plante des arbres. Quelle antinomie, quel contraste !  Il s’agissait pour Giono de ridiculiser la guerre. Pacifiste, romancier dévoué à faire l’apologie de la campagne, Giono a fait l’expérience de la première guerre mondiale comme soldat français. Choqué par les horreurs que provoque la bêtise humaine, il développera une idéologie pacifiste dans des œuvres comme « Refus d’obéissance » et «Le  poids du ciel »  parus respectivement en 1937 et 1938. Ce qui lui vaudra deux séjours en prison entre 1937 et 1944 et une exclusion du Comité National des Écrivains.

 

Combattre pour l’environnement

Jean Giono, dans une lettre adressée au conservateur des Eaux et Forêts, affirme « Je crois qu’il est temps qu’on fasse une « politique de l’arbre », bien que le mot politique semble bien mal adapté ». En effet, le héros de Giono dans L’homme qui plantait des arbres n’avait aucune vision politique. D’ailleurs dès le début du texte il nous met en garde en nous présentant ce qui rend un humain « exceptionnel ». Les actions de cet homme, selon lui, doivent être dépouillées de tout égoïsme et de toute envie d’accumuler un capital politique. Le combat pour l’environnement est l’affaire de tout homme. Au moment où l’on parle de réchauffement climatique, d’économie verte et d’écologie, un retour à Giono serait une bonne entreprise au lieu de chercher ailleurs des théories économiques et écologiques qui opposent souvent les chercheurs en plusieurs groupes, comme des cannibales.

 

Wébert Charles

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Commentaires

La Foudre
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C'est une nouvelle que je lirai tout ma vie :) En passant, vous avz un joli blog.

Chérubin JEROME
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''L'homme qui plantait des arbres'' fait partie de mes livres préférés. Ces livres en quoi je trouve le goût de lire.

J'apprécie la personnalité du héros, Elzéard Bouffier. Ce type qui trouve un véritable plaisir dans le travail pour le bien-être collectif. Il a besoin d'aides certes, mais elles ne sont pas indispensables puisqu'il est déjà motivé par le souci de rendre vivable le village déserté. Ce que j'aime en Bouffier, c'est son attachement au but fixé. Sa persévérance. Il nous apprend par sa ténacité que chacun peut, avec son maigre moyen, contribuer au bonheur des autres. Sans avoir a priori un intérêt mesquin dans sa tête.

J'aime ce texte qui, à mon avis, peut rallier bon nombre de gens à l'amour de l'envirronnement.

Et si chacun se faisait un Élzéard Bouffier, comment serait notre Haïti? Comment serait Port-au-Prince où ‹‹...les arbres se masturbent...››?