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La mort du patriarche Gabriel Garcia Márquez

G.G. Marquez (c) colombie-passion.com
G.G. Marquez (c) colombie-passion.com

Premier coup de fil de ce 17 avril, il est 16 heures. Dans un bar de Port-au-Prince. Un ami sort de la salle d’accueil du petit resto de l’avenue Magloire Amboise et m’appelle. Je sais qu’ils font ça souvent, les amis. Pour m’annoncer un but de tel grand joueur. Un dribble. Ou une pénalité forcée. Mais, cette après-midi sous le soleil de plomb, une bière à la main, l’ami m’a dit : « Márquez est mort ». Et j’ai frappé trois coups sur la table, comme un ivrogne. Je ne savais pas pourquoi. Suis-je devenu ces automates condamnés à faire des gestes inconscients? Mais, que diable voulez-vous ! Márquez est mort.

Quelques minutes plus tard. Mon téléphone sonne. Un SMS. « Márquez mouri », écrit cet autre ami. Et j’ai senti la même chose, comme si ce grand écrivain pouvait mourir deux fois. Dans deux langues différentes. Dans deux situations. Une fois à la télé et une autre fois dans les méandres incalculables de la binarité de la communication. Mourir ou vivre. La vie, elle-même, n’est-elle pas un jeu binaire? A prendre à ou à laisser.

Au fait, Márquez, je ne savais pas si, en posant doucement tes « Cent ans de solitude » sur l’étagère de la bibliothèque ce matin, tu rendais l’âme dans un lit froid de Mexico. Depuis l’annonce de ton alitement, j’ai porté ce livre dans mon sac tous les jours. Pour te retenir en vie. Et te voilà mort sur mon étagère. Moi, toi. Toi, moi. Une bière à la main. Dans un pauvre bar de Port-au-Prince où la servante passe et repasse son balai sous mes pieds interminablement.

Wébert Charles

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Auteur·e

cwebbn

Commentaires

AGBADJE Adébayo Babatoundé Charles A. Q.
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Très émouvant. Riposi in pace Marquez

Khadim
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Tu me l'apprends ! Un Grand s'en est allé R.I.P