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Méfie-toi de Gaza

L’actualité politique internationale tourne autour de Gaza. Un mot. Deux syllabes trouées de sang et de crimes amers. Le blog Libre de lire inaugure la rubrique « Besoin de poèmes », en collaboration avec la rubrique Culture du quotidien haïtien Le Nouvelliste. La parole est donnée ici à Anderson Dovilas qui parle dans un poème émouvant des « Gaza de partout » et des enfants, l’index appuyé sur la gâchette d’une mitraillette, rêvant de longs bras.

 

©mana-post.com

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Méfie-toi de Gaza
Et de ses blessures hantées
Par le sable mouvant
Il est rituel chez eux
Que des poèmes cagoulés de supplice amer
Enfantent des promesses de sang sur les murs
En guise d’écriteaux
Quelle est cette langue
Que nous parlons
En épousant la mort ?
Enfant de mauvaise lune
Tes rêves appuyés sur la gâchette
Ne prolongeront pas tes bras
Hélas !
Tu es venue au monde
À l’ère truquée
Il ne reste aucun mystère
Sous la montée des vagues
L’arme qui tue
Sera condamnée par défaut d’être métal
Et le meurtrier déguisé
En franc-tireur
Nous vivons des marges obscènes
En décadence apocalyptique
Des regrets pour la moisson du jour
Nous sommes au temps des cicatrices
Et la nuit a déjà fait sa preuve
Dans nos deuils
Gaza de Port-au-Prince
Gaza de Libye
Gaza de partout
Les chars ont brûlé les arbres
Jusqu’à retarder l’aube
Tandis que les cœurs battants
Sous des projectiles
Avilissent la beauté du monde
Comme une grenouille qui voit sa fin
Sur des chansons de mauvaises haleines
Méfie-toi de Gaza
Et des autres paradis
Décolorés par les grands journaux.

Anderson Dovilas, Mémoire d’outre-monde, Paris, Ed. L’Harmattan, 2013.

Anderson Dovilas, né en Haïti en 1985, est poète. Il vit aux États-Unis.

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Auteur·e

cwebbn

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