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La mer et autres solitudes : Poésie ou parodie ?

Dominique Batraville
Dominique Batraville

J’ai lu le dernier recueil de poèmes de Dominique Batraville, La mer et autres solitudes, et j’ai beaucoup plus pensé à mes lectures anciennes, aux livres que j’ai aimés ou pas, qu’à Dominique Batraville lui-même ; aux références intertextuelles qu’aux erreurs de pagination. Si ce recueil fait revivre les personnages mythologiques chers à Batraville, tels que Myriam, Néfertiti, Salomé, les saintes d’Egypte, il nage dans un champ intertextuel qu’on a du mal à considérer comme tel. En effet, La mer et autres solitudes est un livre fait d’autres livres. Ceci est l’essence même de la littérature, me diriez-vous, citant Borges qui a dit avec raison que « tous les livres du monde sont l’œuvre d’un seul et même écrivain ». Mais, notre bon Dominique est allé un peu trop loin ou n’a pas trop pris de distance par rapport à ses influences et à ses lectures. On peut aimer un auteur autant qu’on veut, quitte à reprendre le titre de  son livre, le modifier et en faire un vers, une image ou le titre d’un poème.

Le premier poème de La mer et autres solitudesLe testament de la solitude, fait penser au premier roman à succès d’Emmelie Prophète. Il suffit de mettre le mot solitude au pluriel, et on obtiendra le titre de ce roman difficile à lire de l’animatrice des Carnets sur Magik 9. Dominique semble accorder un intérêt particulier aux titres. Car on y retrouve « Crime et Châtiment dans les Danaïdes » (p. 9), « J’ai appris à observer Compère Général Soleil » (p. 15), « Là-bas dans la capitale de douleurs » (p. 18), « nos cimetières marins » (p. 20), « Nos surlendemains d’arbres musiciens » (p. 20), « je suis ton bateau ivre » (p. 41), « Cueillir les raisins de la colère » (p. 42), « t’es un cantique des degrés » (p. 33), « Tu es le cantique de mes cantiques » (p. 47), « et de possédé de la pleine lune » (p. 54). Les lecteurs moyens reconnaitront le titre des livres de Dostoïevski,  Jacques Stephen Alexis, Paul Éluard, John Steinbeck, Jackson Pierre Paul…

Le problème ici n’est pas de citer les titres, mais de les modifier. Ainsi, Musique des degrés de Jackson Pierre Paul, devient Cantique des degrés, ou Capital de la douleur d’Éluard, Capitale de douleurs. Batraville joue, si jeu est, avec le nombre, enlève la marque du pluriel ou transforme au singulier. Ce qui ressemble à une parodie, mais là encore, les parodies ont la réputation de faire rire.

 

 

Wébert Charles

 

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