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Gary, « les nouvelles disent que la vie est une catastrophe »

Le poète Gary Augustin, né le 15 janvier 1958, est mort ce mardi 2 septembre. La rubrique « Besoin de poèmes » vous propose de (re)lire ce poète de corps, de villes, de rues, de songes, mais aussi et surtout de l’altérité, de l’amour et de la purification.

Gary Augustin Dany WebertDe gauche à droite : Wébert Charles, Dany Laferrière et Gary Augustin

 

Gary, tu as beau entendre des discours sur ton œuvre. Des critiques qui te collent toutes les étiquettes que tu as toujours refusées : délabrement, économie des figures. Au fait, tu n’étais jamais dans ces termes. Tu n’étais qu’un poète qui a appris à vieillir plus vite que le temps, parce que tu avais « trop tôt […] mordu aux fruits solaires » (Questions) et trop tard découvert que « la vie est une catastrophe » (Purification). Et tu savais que tu étais un « homme de peu de jour » (Le bonheur inventé). Mais moi, je préfère te parler à toi, comme tu le faisais dans tes poèmes. Car c’est en parlant aux autres que l’on finit par parler de soi, se parler à soi. Tes poèmes sont de courts dialogues, de toi à toi, et à l’autre. Cet autre jamais le même, puisque tu étais toi-même ambivalent, insaisissable.

Des vers d’amour qui disent que tu souffrais, mais que tu voulais malgré tout garder en toi la pureté, comme une dernière chance pour réussir sa chute. Plonger ineffablement dans le vaste brasier des douleurs.

Cracher mon désarroi
Comme une flaque
Sur le pavé

Crier mes peines
Aux ombres de grands arbres
Comme l’automne rend malade
La frondaison

Je veux de mes douleurs
Faire un brasier
Et m’y jeter
Pour ultime geste
Vers le pur

(Purifier, in « Des villes, des corps et autres songes », Port-au-Prince, Éd. Presses nationales d’Haïti, mars 2012.

 

W.C

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cwebbn

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