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Corps et Âme : repenser le discours sur le genre par le théâtre

Dans le cadre de sa tournée dans plusieurs universités du pays, la troupe Corps et Âme s’est produite ce vendredi 7 février à la Faculté des sciences humaines. Gaëlle Bien-Aimé et Katianna Milfort ont joué « Le genre & le nombre » dans une atmosphère très conviviale.

Vue de la pièce
Vue de la pièce

« Pourquoi tu me parles de pénis, Katia ? » La question est tombée brusquement sur la cour de la Faculté des sciences humaines cet après-midi de 7 février. Et je vous laisse imaginer le comportement des centaines d’étudiants, debout, pour la plupart, dès 1h 30 p.m. et qui vont passer 30 minutes avec la troupe Corps et Âme. « Le genre & le nombre » est une pièce qui met en scène deux étudiantes, Gaëlle et Katia, planchant sur un devoir. Comme vous le savez, dans ces séances de travail en groupe, on finit toujours par aborder d’autres sujets. Dans le cas de Gaëlle et de Katia, il s’agit de sexe. Non pas d’érotisme, dans le sens sadien du terme « sexe », mais du genre, ou des genres. La domination du masculin est vite passée au crible de la critique et du bon sens des deux personnages.

De l’éducation sexuelle à la révolte

La pièce est très originale. Deux personnages y jouent, à la Vladimir et Estragon dans la pièce « En attendant Godot » de Samuel Beckett. Mais, il ne s’agit pas de théâtre absurde, ni de deux individus qui attendent un dieu, les bras croisés. Mais deux femmes, qui décident d’aller au fond de la perception du sexe fort, ce que Nadine Magloire appelle « Le sexe mythique » : le masculin. Katia, rêvant d’une enfant, pense à son éducation sexuelle pour qu’elle ne souffre point, comme sa mère, de la peur des hommes.

Les relations entre mère et fille sont analysées, les traditions et les jeux enfantins sont revus à la loupe de l’égalité et de la justice. Gaëlle et Katia mettent tour à tour en scène des personnages qu’elles incarnent. Ce qui fait penser que le théâtre est lui-même un théâtre, un théâtre dans le théâtre, comme on parle de récit dans le récit en narratologie ou de mise en abîme.  Gaëlle devient spectatrice quand Katia joue et vice-versa.

Ce procédé a permis aux personnages d’être plus près des problèmes abordés : de la manifestation des femmes qui revendiquent leur liberté d’atteindre l’orgasme, déclarant même « Tout tan revandikasyon nou pa pase nou pap pran bwa », jusqu’à un bouleversement radical de la structure de la société machiste…

Une réussite

Le public a été très enthousiaste d’assister à la pièce. Les étudiants n’ont pas caché leur satisfaction. Après la représentation, des étudiants rencontrés sur la cour de la faculté nous ont dit prendre conscience de la situation. C’est le cas de Hadson Albert, étudiant finissant en Communication sociale à la Faculté des sciences humaines. « Je suis très satisfait de la représentation. Je n’ai aucun problème avec les revendications des femmes malgré que je suis un homme ». Pour Etienne Jean Rollet, étudiant en psychologie, intéressé à la sexualité et aux représentations sur le genre : « En tant  qu’homme qui est allé à l’école, je pense que la revendication des femmes est juste. Je suis pour l’égalité des genres ».

La deuxième représentation de « Le genre & le nombre » à la Faculté des sciences humaines a été une réussite, malgré certaines imperfections dans la sonorisation. Mais ceci n’a pas diminué la beauté et surtout la portée sociologique de la pièce.

Wébert Charles

 

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cwebbn

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