Wébert Charles

Bain de foule aux Cayes pour Yanick Lahens

Les samedi 24 et dimanche 25 janvier 2015 s’est déroulée aux Cayes la 40e édition de Livres en liberté. L’invitée d’honneur, Yanick Lahens, Prix Femina 2014, a été chaleureusement reçue par les jeunes de la cité d’Antoine Simon ce samedi 24 janvier au collège Frère Odile Joseph.

(c) Wébert Charles
(c) Wébert Charles

La ville des Cayes attendait ce jour depuis plus de deux mois. Clément Benoit II, opérateur culturel et principal instigateur de la foire, avait tout préparé à l’avance. Ruban, t-shirt, bouquet de fleurs… et les jeunes sur place, impatients de voir à quoi ressemble un prix Femina, se sont rassemblés à l’entrée du collège Frère Odile Joseph. Pour beaucoup d’entre eux, venus de Limbé et d’autres villes avoisinantes, c’est la première fois qu’ils verront d’aussi près cette figure imposante de la littérature francophone contemporaine.

17h, Yanick Lahens, escortée par un groupe de jeunes, traverse une haie d’honneur, sous une pluie d’applaudissements. T-shirt jaune, l’air calme, bouquet de fleurs dans la main gauche et ciseaux dans la main droite, l’auteur de « Bain de lune » coupe le ruban, sourire aux lèvres, prend son bain de foule. Les milliers de fleurs de papier planent au-desus de la foule. Un ensemble d’écrivains et de personnalités, parmi lesquels Gary Victor, Évains Wêche, Marie-Laurence Jocelyn Lassègue, viennent acceuillir la romancière qui va s’installer sur son stand avant d’aller animer une causerie à l’auditorium du collège. Yanick Lahens avoue être très émue devant cette foule de jeunes. « C’est très touchant et je trouve l’école très vivante », affirme l’auteur de Guillaume et Nathalie.

La littérature comme passion

À l’auditorium du collège, l’après-midi se poursuit. Yanick Lahens, en présence de l’ancienne ministre de la Culture, Marie Laurence Jocelyn Lassègue, du directeur de la compagnie Barbancourt, William Éliacin, et d’une centaine de jeunes, prononce une petite conférence improvisée. Conférence qu’elle ne qualifie pas comme telle, d’entrée de jeu. « La bonne nouvelle d’aujourd’hui, c’est qu’il n’y aura pas de conférence », lance Yanick Lahens dans la salle qui lui répond par un jet de rires.

La romancière a parlé de sa passion pour l’écriture et invité les jeunes à se vouer à leur passion. Car sans cela, elle n’aurait pas eu ce prix: son roman, Bain de lune, était pour elle une véritable épreuve, puisqu’elle l’avait abandonné, jugeant le projet trop ambitieux, pour écrire ce roman d’amour, qui a eu lui aussi un succès monstre, Guillaume et Nathalie. « C’était pour me guérir de l’abandon de Bain de lune que j’ai écrit Guillaume et Nathalie », renchérit Yanick.

Évains Wêche, lauréat du prix Deschamps en 2013 avec son recueil de nouvelles Le Trou du Voyeur, également de la partie, a parlé plutôt de rêve, puisque pour ses parents il n’était pas question qu’il devienne écrivain. Voilà pourquoi, a-t-il fait des études de médecine. Mais il n’a jamais abandonné le rêve de devenir écrivain, confie-t-il. Et c’est ce que le prix Deschamps est venu récompenser.

La soirée a été riche et l’assistance a suivi avec attention jusqu’à ce que l’éditeur Dieulermesson Petit Frère, qui jouait le rôle de modérateur, mette fin à ces quelques bonnes minutes de moisson, d’espoir et d’admiration.


Marc Exavier : « Faut-il toujours découper sa semblance » ?

Le poète Marc Exavier (c) Wébert Charles
Le poète Marc Exavier
(c) Wébert Charles

Le poète est quelqu’un qui vit dans un monde fermé, un monde qui se suffit à lui seul et dans lequel les songes, les miroirs et la transparence s’éclaboussent. Ainsi, il lui arrive de se perdre dans ce mirage que crée l’alcool et de soutenir que la vraie vie est celle rêvée, créée (Proust). Marc Exavier est un poète qui se contient. Qui déambule, avec dans sa tête ses lots de poèmes, comme ce soulard qui a peur de salir son ombrage. Mais dans ce dialogue de soi à soi, devant le miroir ou face à la noirceur de son ombre, « faut-il toujours découper sa semblance », chanter pour amadouer la mort, se chercher dans le morcellement de son corps ou tout simplement s’effacer pour mieux apparaître ?  « Bienheureux celui qui se soûle, écrivait Jean-Claude Charles, car il verra Dieu deux fois.» Dans ce jeu du double et du multiple, seul le poète comprend le monde et arrive à le vivre dans toute sa splendeur ; lui seul sait plonger dans ce champ de correspondances où tout est couleur, son et parfum.

Marc Exavier ressemble donc à une version surréaliste de Baudelaire ou de Carl Brouard, ces amants des liqueurs fortes, qui cherchent dans le monde l’élixir et ce pays de cocagne où « tout n’est qu’ordre et beauté / luxe, calme et volupté ».

J’ai peur de danser sous la pluie
Pour ne pas salir mon ombrage
Dans la salive des faux rêveurs
Tous les regards qui me regardent
Éclaboussent la transparence
De mes enivrements
Faut-il toujours découper sa semblance
Dans l’étroitesse des miroirs
J’invente les gestes qui m’effacent
Je rends à la mort sa caresse
La liberté n’a pas de frère

Marc Exavier, «Chansons pour amadouer la mort» suivi de «Le cœur inachevé», Éd. Presses nationales d’Haïti, 2005.


La mer et autres solitudes : Poésie ou parodie ?

Dominique Batraville
Dominique Batraville

J’ai lu le dernier recueil de poèmes de Dominique Batraville, La mer et autres solitudes, et j’ai beaucoup plus pensé à mes lectures anciennes, aux livres que j’ai aimés ou pas, qu’à Dominique Batraville lui-même ; aux références intertextuelles qu’aux erreurs de pagination. Si ce recueil fait revivre les personnages mythologiques chers à Batraville, tels que Myriam, Néfertiti, Salomé, les saintes d’Egypte, il nage dans un champ intertextuel qu’on a du mal à considérer comme tel. En effet, La mer et autres solitudes est un livre fait d’autres livres. Ceci est l’essence même de la littérature, me diriez-vous, citant Borges qui a dit avec raison que « tous les livres du monde sont l’œuvre d’un seul et même écrivain ». Mais, notre bon Dominique est allé un peu trop loin ou n’a pas trop pris de distance par rapport à ses influences et à ses lectures. On peut aimer un auteur autant qu’on veut, quitte à reprendre le titre de  son livre, le modifier et en faire un vers, une image ou le titre d’un poème.

Le premier poème de La mer et autres solitudesLe testament de la solitude, fait penser au premier roman à succès d’Emmelie Prophète. Il suffit de mettre le mot solitude au pluriel, et on obtiendra le titre de ce roman difficile à lire de l’animatrice des Carnets sur Magik 9. Dominique semble accorder un intérêt particulier aux titres. Car on y retrouve « Crime et Châtiment dans les Danaïdes » (p. 9), « J’ai appris à observer Compère Général Soleil » (p. 15), « Là-bas dans la capitale de douleurs » (p. 18), « nos cimetières marins » (p. 20), « Nos surlendemains d’arbres musiciens » (p. 20), « je suis ton bateau ivre » (p. 41), « Cueillir les raisins de la colère » (p. 42), « t’es un cantique des degrés » (p. 33), « Tu es le cantique de mes cantiques » (p. 47), « et de possédé de la pleine lune » (p. 54). Les lecteurs moyens reconnaitront le titre des livres de Dostoïevski,  Jacques Stephen Alexis, Paul Éluard, John Steinbeck, Jackson Pierre Paul…

Le problème ici n’est pas de citer les titres, mais de les modifier. Ainsi, Musique des degrés de Jackson Pierre Paul, devient Cantique des degrés, ou Capital de la douleur d’Éluard, Capitale de douleurs. Batraville joue, si jeu est, avec le nombre, enlève la marque du pluriel ou transforme au singulier. Ce qui ressemble à une parodie, mais là encore, les parodies ont la réputation de faire rire.

 

 

Wébert Charles

 


Comme un christ abandonné

image

A C. E

Au linteau de nos espoirs
Je longe ton corps
Tel un arbre suspendu

De tes yeux d’astres
Tu me regardes passer
Dans la véhémence des souvenirs
Il faudrait tout un peuple
Pour renommer ton sourire
Te porter jusqu’à l’enceinte
De mon corps décapité

Et je suis là
Debout
Comme un christ abandonné

Mais toi
Il faudrait tout un peuple
Pour renommer ton sourire
T’inventer dans le blanc des saisons
Comme une prière faite au monde

Wébert Charles


Livres en folie perd l’un de ses inconditionnels

L’écrivain Michel G. Bertrand est mort le lundi 9 décembre 2014 suite à un arrêt cardiaque dans un hôpital en République dominicaine. Michel G. Bertrand a été un inconditionnel de Livres en folie, la plus grande foire du livre d’Haïti. Témoignages sur la vie de l’écrivain et du banquier, auteur entre autres de « J’accuse ma destinée », « Karla », « Qui de nous deux a tort ».

Michel G. Bertrand
Michel G. Bertrand


« J’ai côtoyé Michel Bertrand pendant plus de trente ans. Il a été un être modeste, paisible et souriant. Sa grande qualité étant sa gentillesse, il a toujours marqué son passage par une remarque positive concernant l’œuvre d’un autre écrivain. L’écriture pour lui a toujours été un moyen de témoigner son amour pour ses proches et son pays ». Marie Alice Théard, écrivain, historienne de l’art.

« C’est un homme apparemment timide, mais doté d’une gentillesse énorme qui décoiffe. Mais ce qui m’a surtout frappé chez lui, c’est sa passion de l’écriture. Il ne se lassera jamais de vous parler de cet art qui, de passe-temps, est aujourd’hui sa principale activité. Il passera des heures à vous compter ses histoires et ses projets d’écriture en oubliant qu’un autre monde existe parallèlement. C’est aussi un homme généreux et sa sollicitude est comme un soleil qui ne manquera pas de vous brûler la peau.» Gaspard Dorélien, journaliste et photographe.

« Michel est de ces gens dont on se souvient dès la première rencontre. Que ce soit à Livres en folie ou à Livres en liberté, je recherchais toujours sa compagnie. Sachant que son sens de l’humour allait à coup sûr créer cette ambiance qui nous ferait tordre de rire. Son départ laisse déjà un grand vide non seulement dans le cercle littéraire, mais aussi dans le cœur de ses nombreuses lectrices.» Alex Laguerre, écrivain.

« Michel G. Bertrand fut un ami et aussi un ami personnel de mon mari, Albert Desmangles, depuis l’époque où il dirigeait la succursale de la Sogebank à Lalue. Il fut un passionné de poésie et de littérature. Il me demandait souvent des conseils pour ses romans et il m’a même dédicacé l’un d’entre eux. Il était un homme sympathique, courtois et de très bon commerce.  Paix à son âme ! » Margaret Papillon, écrivain, éditrice.


Yanick Lahens et l’art de parler des « invisibles »

Ce samedi 6 décembre 2014, la librairie La Pléiade à Bois-Patate a reçu Yanick Lahens pour une causerie précédée de vente-signature de ses derniers livres. Une causerie très enrichissante animée par la professeure de lettres Darline Alexis, entrecoupée de lecture, de passages du roman Bain de lune par Carine Schermann.

Yanick Lahens et Mirlande Manigat (c) Wébert Charles
Yanick Lahens et Mirlande Manigat
(c) Wébert Charles

Midi. Les gens commencent à défiler à la librairie La Pléaide à Bois-Patate, les uns se faisant empaqueter leurs livres, les autres cherchant dans les rayons les dernières parutions de Yanick Lahens. Les deux caissières, de leur côté, sont beaucoup plus occupées que d’habitude. Les gens font la queue, attendant leur tour de payer et de faire signer leurs livres.

L’après-midi s’annonce bien. Les gens sont excités de voir d’aussi  près le récipiendaire du prix Femina 2014 pour sa première intervention en public en Haïti depuis l’annonce du prix. Yanick Lahens, toujours calme, avec la tendresse qu’on reconnaît toujours dans sa voix, répond aux questions de la professeure de littérature Darline Alexis. Pour cette dernière, toute la causerie  tourne autour des thématiques récurrentes dans l’œuvre de Yanick Lahens : de La maison du père à Bain de lune. Cependant, cette communication ne doit pas dispenser les lecteurs de l’envie de lire les livres de Yanick Lahens. Ainsi, il ne faut pas entrer dans les résumés, mais frôler l’histoire racontée dans Bain de lune, particulièrement. Et c’est ce qui s’est passé.

D’entrée de jeu, Yanick Lahens a tenu à se situer. Se situer par rapport à son métier (l’écriture), à son sexe et à son espace (Haïti). Pour elle, c’est important de le signaler, car comme l’a écrit Jean-Paul Sartre, l’écrivain écrit en situation, il est toujours en situation. « Les gens me demandent souvent -où habitez-vous ?- je dis que j’habite là où habite la majorité des Haïtiens : en Haïti », martèle l’auteure de « Guillaume et Nathalie ».

Le paysan et les invisibles

Interrogée sur le silence du paysan par Darline Alexis, Yanick Lahens avance que c’est une chose universelle, propre aux paysans, non pas uniquement aux paysans haïtiens, car le paysan est « une manière d’être par rapport à la terre, par rapport aux éléments », ils sont toujours en relation avec l’invisible, le sacré. Que ce soit dans les romans américains du début du XXe siècle qui parlent des fermiers ou le livre de Jean-Marie Déguignet, « Mémoires d’un paysan bas-breton », voire même les romans de Jacques Roumain, Jean Baptiste Cinéas et Edris Saint-Amand on n’est pas loin de cet univers. « Le problème, c’est que depuis 50 ou 60 ans, on a oublié que cette question essentielle [la paysannerie] était universelle. »

Carine Schermann lisant un extrait de Bain de lune. (c) Wébert Charles
Carine Schermann lisant un extrait de Bain de lune.
(c) Wébert Charles

Yanick Lahens a également évoqué la littérature ou le roman comme espace de complexité par excellence. « Quand on est dans le roman, on est dans un autre univers, différent de la politique », selon elle. Tout l’après-midi a été rythmé par la lecture d’extraits de « Bain de lune » par Carine Schermann, d’une voix douce, qui vous plonge dans cet univers où se bousculent rêve et réalité.


Corruption oblige !

(c) https://www.unodc.org/southeasterneurope/en/Corruption.html
(c) https://www.unodc.org/southeasterneurope/en/Corruption.html

La Foire internationale du livre d’Haïti (Filha) organisée par la Direction nationale du livre (Dnl) depuis l’année dernière fait un peu parler d’elle dans les milieux littéraires. Des auteurs qui y participent avec joie, d’autres boudant tout carrément cet évènement. On se souvient encore de la première édition qui n’a pas été trop envieuse. Le public n’avait manifesté aucun intérêt pour le pays invité d’honneur, en l’occurrence le Venezuela, dont les livres étaient inaccessibles, parce qu’écrits en espagnol. Les quelques rares auteurs vénézuéliens présents, ignorés, boudés, étaient comme des touristes abandonnés aux confins du monde. Qui pis est, l’invité d’honneur, Frankétienne, installé sur son trône, tel un roi malheureux, le fameux roi du pays pluvieux de Baudelaire, s’était vu voler la vedette par Dany Laferrière, fraîchement élu à l’Académie française.

La foule de gens qui entourait l’enfant de Petit-Gôave, voulant prendre une photo avec lui ou lui faire signer un de ses livres, avait fini par faire de l’Immortel, malgré lui et malgré les organisateurs, l’invité d’honneur réel de cette première édition de la foire.

Ce sont des leçons apprises, diriez-vous. Une première édition ne pouvait se passer autrement. Mais la deuxième, prévue pour les 11, 12, 13 et 14 décembre de cette année s’annonce grandement mais sur les mêmes bases. Le pays invité d’honneur, le Cuba, encore un pays hispanophone, l’invité d’honneur Michel Soukar, historien de son état, risquent de vivre ce que le pays à l’honneur et ce que l’invité d’honneur de l’année dernière ont vécu dans les jardins du Palais municipal de Delmas. Yanick Lahens, prix Femina 2014 pour son roman Bain de lune, ne risque-t-elle pas de voler, malgré elle, la vedette à l’auteur de La dernière nuit de Cincinnatus Leconte ? Et pire encore, la maison d’édition C3 est l’un des sponsors de cette édition. De mémoire d’homme ou de collectivité, jamais foire ou salon du livre et des éditeurs n’a été sponsorisée par un et un seul éditeur. Surtout si cette foire est organisée par l’État. C’est de la concurrence déloyale, pure et simple. Car, vous le savez, qui sponsorise commande. Et d’autant plus, le directeur général de la Dnl publie ses livres chez C3 et sera en signature sur le stand de la maison à la rue Rigaud.

 

Que voulez-vous ? Corruption oblige !


Lettre ouverte à Hacud et C3 éditions

Port-au-Prince, le 05 décembre 2014

 

Le comité de direction de LEGS ÉDITION est étonné de voir le nom de la maison d’édition figuré sur l’affiche de publicité de la 1ère édition du salon du livre de l’Artibonite organisé par Haïti culture et développement (Hacud) et C3 éditions. Pourtant le comité de direction, dans une lettre envoyée en date du 21 novembre 2014 à Fred Brutus des éditions C3, avait clairement signifié aux organisateurs de ce salon son refus d’y prendre part pour des raisons d’ordre éthique liées au métier d’éditeur. Car nous savons pertinemment que l’organisation de « Salons du livre » ne fait pas partie des fonctions assignées à une maison d’édition. Cette dernière ne peut organiser que des ventes signatures, des causeries et conférences avec ses auteurs. Elle n’a pas non plus le droit de patronner à elle seule un salon ou une foire, étant sur un marché qui se veut de concurrence pure et parfaite.

À cet effet, le comité déplore et condamne publiquement, avec la dernière rigueur, l’utilisation abusive et sans consentement de son nom commercial par les organisateurs de ce salon encadrés par l’Union européenne. Il s’agit là d’une publicité mensongère pouvant induire les potentiels consommateurs en erreur et porter atteinte à l’image de LEGS ÉDITION qui, de toute façon, ne cautionnera pas ce manque de professionnalisme par sa présence.

Le comité exige, par la présente, des explications claires et précises de Hacud et C3 éditions qui ont délibérément choisi de l’impliquer dans cette activité dont il avait clairement décliné l’invitation.

 

 

Wébert N. CHARLES

Dieulermesson PETIT FRERE

Mirline PIERRE

Fedna DAVID


Hakime Faimy expose à Festival Arts Haïti

Du 21 novembre au 15 décembre 2014, la plasticienne Hakime Faimy expose ses toiles à la galerie Festival Arts Haïti, à Pétion-Ville. Des couleurs, des ornements, des cristaux… Tout s’invite et se dérobe sous les yeux du spectateur. Des pièces vivantes, qui touchent et nous plongent dans une douce méditation.

L'artiste Hakime Faimy (c) Wébert Charles
L’artiste Hakime Faimy
(c) Wébert Charles

S’il vous arrive de visiter la galerie Festival Arts cette semaine, vous verrez l’artiste Hakime Faimy, au sourire léger, venir vous accueillir. Elle vous dira peut-être qu’elle est « catholique mariale », vous lui demanderez ce que veut dire ce concept et en entrant dans la salle d’exposition, face au visage rayonnant mais élégiaque de Notre-Dame des Douleurs en bleu, vous comprendrez pourquoi.

Notre Dame des Douleurs (c) Hakime Faimy
Notre Dame des Douleurs
(c) Hakime Faimy

Sur les voies (voix) de la Vierge

« C’est un hommage à Marie, un hommage à la Vierge, à ce ciel qu’elle nous apporte et que nous avons tous dans notre cœur et qu’il nous faut chercher pour le mériter ». Hakime Faimy nous confie ces mots avec dans la voix une certaine énergie qui dévoile la relation sacrée qui existe entre elle et ses œuvres. L’exposition rassemble plus d’une soixantaine de pièces, toutes, avec pour point focal, Marie, la Vierge, directement ou indirectement. Tout revient à Marie. Cependant, nous affirme l’artiste, il ne s’agit pas d’une seule représentation de la Vierge, mais d’un ensemble de représentations provenant de cultures différentes. Ainsi, on voit quelques apparitions de Marie, la Notre Dame des Douleurs avec des larmes aux yeux, baignant dans un univers bleuâtre, la Notre-Dame du Perpétuel Secours, la Notre-Dame d’Altagrâce, la Notre-Dame de Czestochowa, la Notre-Dame de la Délivrance, La vierge du Brésil ou la Madone d’Afrique.

La Madone d'Afrique (c) Hakime Faimy
La Madone d’Afrique
(c) Hakime Faimy

Lumière, couleurs et cristal

Si les peintures d’Hakime Faimy sont extrêmement expressives et donnent l’impression que les personnages sortent du cadre, c’est qu’elles ne sont pas que couleurs. L’artiste a trouvé une méthode originale pour  faire parler son art. Des cristaux ornent les portraits de Marie, de Jésus ou des Rois Marges. « J’ai commencé à me demander est-ce qu’il ne fallait pas trouver des éléments afin de permettre à ces tableaux d’être plus vivants qu’ils n’étaient ». En effet, les tableaux de Faimy sont vivants, la lumière y ajoute un éclat particulier, donnant l’impression que les auréoles s’illuminent, brillent. Des tableaux vivants, vibrants qui ne vous laisseront pas indifférents.

 

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Notre-Dame de Czestochowa (c) Hakime Faimy

L’exposition se poursuit jusqu’au 15 décembre 2014 à Festival Arts, à la rue Magny, Pétion-Ville.  


Modiano, Prix Nobel de littérature 2014 : qu’en pensent les anglophones ?

L’attribution du prix Nobel de littérature au français Patrick Modiano est bien reçue par ses compatriotes sur les réseaux sociaux. En témoigne une multitude de commentaires sur les médias français partageant cette information. Mais, la tendance semble être inversée quand on considère les commentaires des utilisateurs américains et/ou anglophones en dessous des liens partagés par des médias américains. Nous avons fait un tour d’horizon de quatre grands journaux américains sur Facebook, afin d’étudier la tendance des commentaires sur le Prix Nobel de littérature 2014.

 

NYT POST
Page Facebook du New York Times

Les Américains et les anglophones semblent ne pas connaître Patrick Modiano. Pour certains, c’est la première fois qu’ils entendent parler de cet auteur pourtant traduit en 36 langues. 46 % des utilisateurs anglophones de notre échantillon avouent sur la page Facebook de New York Times n’avoir jamais entendu parler de l’auteur et n’avoir rien lu de lui.

Never Heard solo NYT

Voilà ce que déclare une utilisatrice sur la page du New York Times. Son cas n’est pas unique. Une autre utilisatrice, cette fois-ci sur la page de The Guardian, affiche son dégoût et sa préférence pour l’auteur japonais Murakami, l’écrivain favori de l’échantillon d’internautes considéré. Pas moins de 58 % des commentateurs qui prennent position sur la page de The Guardian affirment que Patrick Modiano mérite moins le prix Nobel que Murakami.

who's this guy The Guardian

Et aussi…

 Who knows CNN

Sans oublier…

Never Heard NYT

Le paradoxe

Ceci paraît paradoxal, car Patrick Modiano est traduit en anglais depuis 1971 comme le montre la page en anglais Wikipedia de l’auteur. La version anglaise de son livre La Ronde de nuit (1969) sera publiée à New York en 1971 par Alfred A. Knopf. S’en suivront :

Rue des boutiques obscures (Missing person, 1978; trans.Jo nathan Cape, London)

-Quartier perdu ; English translation: A Trace of Malice (Henley-on-Thames: Aidan Ellis, 1988)

-Catherine Certitude English translation: Catherine Certitude (Boston: David R. Godine,2000)

-Voyage de noces ; English translation: Honeymoon (London: Harvill / HarperCollins, 1992)

-Du plus loin de l’oubli ; English translation: Out of the Dark (Lincoln: Bison Books / University of Nebraska Press, 1998)

-Dora Bruder ; English translations: Dora Bruder (Berkeley: University of California Press, 1999), The Search Warrant (London: Random House / Boston: Harvill Press, 2000)

Malgré les quelques traductions anglaises ci-dessus, un utilisateur va jusqu’à affirmer que Modiano est inconnu en Angleterre. Quoiqu’il lui reconnaisse un grand talent, il a dénoncé un important déficit de traduction vers l’anglais.

England deficit

Quelques rares lecteurs

Si en France, les journalistes et internautes ont plutôt reçu la nouvelle avec enthousiasme, les utilisateurs anglophones de Facebook n’ont pas tardé à mettre Patrick Modiano sur la sellette. Mais, il y a quand même quelques rares lecteurs qui ont partagé leur point de vue sur l’œuvre de l’auteur de l’Horizon (2000).

It's a master piece

Et d’autres, encore plus rares, ont reconnu son mérite en félicitant l’originaire de Boulogne-Billancourt.

good job CNN

 

Wébert Charles